Une semaine à Trujillo chez Lucho!

Publié le par marietsimon



Nous ne devions rester 3 jours et nous voilà ici depuis déjà une semaine. Nous avons pu bénéficier comme l’on déjà fait 1000 cyclotouristes avant nous cette année, de l’accueil incroyable, de la générosité, du temps et des compétences en mécanique de Lucho. Nous avons changé les pignons de l’arrière et la chaîne pour faciliter notre route. Les vélos bien encrassés par notre ballade près la plage ont une nouvelle jeunesse. Avant de repartir de la « casa de ciclistas-amistad de Trujillo», internationalement connue depuis près de 20 ans, et passage incontournable de tout voyageur à 2 roues au Pérou, laissez moi vous conter l’histoire merveilleuse qui est arrivée à Lucho en 2000.

Passionné de cyclisme, Lucho rêvait un jour d’aller voir le tour de France, pour lui, épreuve reine du cyclisme mondial. Les images de cette course le faisaient rêver depuis tout petit (on peut voir les nombreuses cassettes qu’il a enregistrées), mais la précarité de sa situation ne pouvait lui permettre un voyage en France. Pourtant, un jour, il reçut une invitation de cyclistes qu’il avait rencontrés et généreusement accueillis. Un groupe de cyclotouristes s’était en effet cotisé pour faire venir Lucho sur une étape du Tour de France. Dès lors, tout se précipite. Il obtient, très difficilement, après un mois de bataille, un visa et s’envole vers son rêve. Une fois sur place, tout s’enchaine comme dans un conte de fées : on lui présente Jean-Marie Leblanc, le patron du Tour de France qui lui offre un laissez-passer pour toutes les étapes.
Dans les villages étapes, Lucho est nourrit gratuitement au village et logé par un réseau de cyclotouristes. Il est alors aux anges et croit rêver les yeux ouverts, comme il le dit sur une chaîne de télévision française faisant un reportage sur son histoire. Lui, passionné de vélo parle à Indurain, son idole, Armstrong, Virenque, … Il voit Merckx, il passe des heures avec les mécaniciens, dont il admire le travail. Il découvre du matériel dernier cri, bien loin de celui qu’il utilise à Trujillo pour bricoler des vélos et permettre aux jeunes de participer aux courses. Après le Tour, il passe la frontière suisse pour se rendre chez des amis. Le douanier, ayant dans un premier temps refusé de lui accorder son visa change d’avis à la lecture des nombreux articles retraçant son histoire. Aujourd’hui, lorsqu’il évoque ces moments,

Lucho est encore tout ému. Ce rêve, il l’a réalisé grâce à la générosité de gens qui avaient bénéficié avant de la sienne. On se rend alors compte que l’amitié peu permettre de déplacer des montagnes et nous sommes heureux qu’il ait été récompensé de la sorte. Aujourd’hui, Lucho habite dans une toute toute petite maison (seulement 3 pièces pour vivre à 4) à quelques rues de la « casa de ciclistas ». Mais, il a un nouveau rêve, celui d’acheter une maison un peu plus grande, pour pouvoir accueillir comme auparavant, les cyclistes chez lui. Avis aux âmes généreuses pour lui donner un coup de pouce, ce serait merveilleux de pouvoir l’aider à notre tour.
          Sa femme, Aracelli, vend des gâteaux délicieux sur le marché ou des empanadas. Cela ne lui rapporte que 15 soles par jour soit environ 4 euros ! Quel courage ! Soit un salaire d’1 euro par heure !
       
 
        Angella, sa fille de 16 ans possède un charisme impressionnant lorsqu’elle enseigne à ses camarades de classe de la danse et qu’elle leur donne des conseils pour animer un groupe d’enfant. Elle est aussi tellement jolie que sa mère craint qu’elle ne se fasse « capturée » par un cycliste !
           Lance (Amstrong), à seulement 3 ans, est déjà sur un vélo. Il est tellement plein d’énergie que notre couple d’amis l’a baptisé « ritaline » ! Toute la famille de Lucho est vraiment très chaleureuse. Nous nous sentons comme à la maison.

Nous échangeons des recettes avec Aracelli. Tandis que je prépare un tiramisu aux petits beurres, elle fait mijoter la farce des empanadas dont elle me donne la recette (voir rubrique recettes). Elle les fait cuire dans le four du boulanger du quartier. Après les avoir goûtées, je comprends pourquoi elle a tant de succès au marché et qu’il ne lui faut que quelques minutes pour tout vendre. Nous passons une soirée à regarder le reportage sur Lucho en dévorant le tiramisu et dégustons les tomates farcies et le fondant au chocolat de Benjamin et Alexandra un midi.


Ce couple Franco-Chilien est le premier couple que nous rencontrons. Ils voyagent en tandem. Nous pensons que nous pourrions également bien nous entendre sur un tandem. Nous passons de bonnes soirées à jouer aux cartes. Puis, Alexandra nous conseille sur notre parcours. Ils trichent aussi comme nous en prenant le bus sur les parties ennuyantes et cela nous rassure ! Nous nous rendons compte de l’étendue du continent et commençons à penser qu’il sera difficile de tout descendre à vélo avant janvier, l’été en Patagonie. Cette perspective va peut-être nous amener à changer quelques uns de nos plans de voyage. Mais nous restons convaincus par le vélo comme moyen idéal de déplacement.

La veille de notre départ, nous allons surfer sur les dunes à proximité de la ville avec Lucho, Angella et Jake. L’environnement est magique mais la dune n’est pas assez pentue pour permettre de glisser sur une grande distance.

Publié dans Pérou

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